Tout comprendre sur le Bio et la biodynamie… en 5 minutes

Invasions barbares 

Dans toutes les régions viticoles des champignons s’invitent sur le feuillage voir sur les grappes. Ils ont pour nom mildiou, oïdium, et botrytis. Le premier peut perturber la photosynthèse, les deux autres peuvent apporter de mauvais goûts dans le vin : moisi ou aigre.

Leur point commun ? Lorsqu’ils s’installent pour festoyer, c’est une invasion massive et exponentielle. Les vignerons doivent donc traiter leur vigne trois à huit fois de mai à aout, surtout dans les régions humides comme Bordeaux et la Loire.

 

 

Les effets collatéraux des traitements de la vigne

Ces traitements posent des soucis. On  parle souvent de résidus des molécules de traitements dans les vins, mais cela est contrôlé de manière sérieuse. En fait, le souci le plus gênant est l’exposition des ouvriers viticoles en charge de traiter la vigne, et ce, tout au long de leur carrière. 

 

 

Quid du traitement des sols ?


Nicolas Joly, dans son domaine de la Coulée de Serran à Savennières (près d’Angers)

La biodynamie :

Les vignerons doivent également lutter contre la pousse de mauvaises herbes sous les pieds de vigne qui pourrait, si elles se rapprochent des raisins perturber leur état sanitaire.

 

Le moyen le plus rapide et économique consiste en l’appliquer d’un herbicide, mais, à partir d’une certaine gamme de qualité, les viticulteurs font l’effort de remplacer les herbicides par un travail des sols : labour traditionnel par tracteur ou cheval. Ceci préserve la vie microbienne des sols.

 

A nos yeux, cet effort de qualité (labourer plutôt que désherber chimiquement) est un critère de qualité rédhibitoire et c’est la première chose que l’on observe lors de nos visites de vignoble : voit-on au sol de l’herbe morte (jaunie) ou une terre labourée ?

 

 

Les deux grandes méthodes de protection de la vigne bio :

 

Le Bio :

La lutte contre les mauvaises herbes doit se faire sans herbicide et donc par labours. Et la lutte contre les champignons de la vigne doit se faire sans produit chimiques et c’est un mélange de cuivre et de souffre qui est autorisé (la « bouillie bordelaise »).

 

La biodynamie :

Pulvérisation à la main de silice, domaine de la soufrandière (Pouilly Fuissé)

Cette méthode reprend les mêmes contraintes du Bio et va plus loin en visant à renforcer les défenses naturelles de la vigne. Le traitement bio (bouillie bordelaise) est donc complété par d’autres préparations à base de tisane d’orties, de silice ou de bouse de vache, en doses infinitésimales.

 

Toutes les interventions (pulvérisations, labours, fumures, etc) sont planifiées en fonction du calendrier lunaire car la vigne est composée d’eau et « répond mieux » à certains moment de ce calendrier.

 

La biodynamie n’est pas simple à évaluer scientifiquement car c’est une méthode douce et globale. Pourtant, un nombre croissant de viticulteurs l’adopte, même les plus cartésiens d’entre eux.

 

La Bourgogne et la vallée de la Loire comptent beaucoup de « biodynamiciens » en raison de la taille modeste des exploitations.

 

A bordeaux, l’humidité et température douces engendre un fort développement du mildiou. Lors des années à forte pression (2013 et 2018), les domaines en Bio ou biodynamie ont subi de lourdes de perte de rendement (20 hectolitre par hectare au lieu de 45) mais de plus en plus de cru classé appliquent la biodynamie sur des parties moins exposées de leur vignoble et ne cherchent pas à obtenir le label.

 

Les Labels 

Bio : ECOCERT                                    biodynamie : BIODIVIN et DEMETER 

 

 

Qu’est ce que la viticulture « raisonnée » ?

C’est la viticulture conventionnelle utilisant des traitements de synthèse (non bio) mais dans des « quantités ajustée » à la pression du parasite observée à petite échelle (au niveau d’une parcelle de vigne) et non plus appliqué selon un programme de traitement prévu à l’avance.

 

En viticulture raisonnée nous sommes sensibles à la certification « HVE » (haute valeur environnementale) dont le cahier des charges est très global tenant compte des conditions de travail des équipes, et au label « Terra Vitis » couplant des moyens de lutte bio et des traitements de synthèse.

Que penser des « vins natures » ?

Il s’agit de vins cultivés en Bio ou en biodynamie avec un critère supplémentaire : l’absence total d’apport de sulfites après la fermentation.

On retrouve parfois dans ces « vins natures » un côté légèrement gazeux lié à la reprise de la fermentation après la mise en bouteille. Les partisans de ces vins disent qu’il suffit de les secouer pour les « dégazer ». Il n’y a pas encore de label officiel, seulement une association regroupant des vignerons.

 

Demain ?

L’une des principales pistes pour réduire les traitements est d’introduire un gène de résistance au mildiou dans nos cépages. La recherche effectue à la fois essais avec OGM et des essais « sans OGM », c’est à dire par hybridation (plus longs à mettre en œuvre que les essais sur OGM)

 

Dans nos sélections, nous privilégions les vignerons ayant remplacé les désherbants par les labours traditionnels (critère à minima).

 

En HVE :

Louis Moreau (Chablis), Brulesecailles (Cote de Bourg), Berthelemot (Meursault), Ragot (Givry)

 

En Bio :

Drappier (Champagne), Ginglinger (Alsace), Huet (Vouvray), Bergerie (Coteau du Layon), Huguenot (Marsannay), Cazeneuve (Pic St-Loup), Grosbois (Chinon), Yann Chave (Crozes-Hermitage), Clos Floridène (Graves), Dame de Couhins (Pessac-Léognan), Richaud (Cairanne)

 

En biodynamie :

Larmandier Bernier (Champagne), Chidaine (Montlouis), Clos de Nell (Anjou), Ecu (Muscadet), Luneau Papin (Muscadet), Vacheron (Sancerre), Lejeune (Pommard), Pothiers (Rouane), Barret (Cornas)

 

En conversion vers la biodynamie :

Berthelemot (Meursault), Roederer (Champagne), …

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